10 raisons de ne pas passer à côté. Attention: BEAUCOUP DE SPOILERS!
Sa représentation des femmes sur le petit écran.
Je n'ai jamais rien vu de tel que Big Little Lies à la télé auparavant. Mais avant sa première diffusion, j'ai eu au moins trois conversations avec des journalistes télé qui montraient du dédain pour la série parce qu'elle portait sur un groupe de femmes riches.
La télévision prestigieuse dans sa forme actuelle a largement ignoré les histoires axées sur les communautés féminines, Desperate Housewives et Sex and the City traitaient des problèmes et des amitiés des femmes très tôt dans le nouvel âge d'or de la télé, et Orange Is the New Black et Jane the Virgin continuent de s'en charger. (Gilmore Girls, qui n'a jamais été considérée comme faisant partie de l'âge d'or, est une autre exception.) Mais en y réfléchissant, on se rend compte qu'il est très rare de voir un groupe de femmes discutant de leurs vies dans une scène. De nos jours, les enjeux sont tellement élevés à la télé, presque personne ne parle de sa vie! (les docteurs de Grey's Anatomy le font parfois, mais ils sont inévitablement interrompus par une urgence chirurgicale).
Big Little Lies avait quelque chose de différent à offrir, comme la scène finale de la mini-série le montrait de façon presque humoristique. Bien que la trame nous conduisant vers la la petite sauterie sur la plage n'était pas une utopie féministe –étant parsemée d'attaques verbales, de compétitivité et de jalousie, il est possible pour les femmes de se réunir pour essayer d'améliorer leurs conditions. Ou pas, en fait. Je serais aussi contente de regarder des séries sur des femmes qui se réunissent pour essayer d'obtenir quelque chose de pire!
—Kate Aurthur
HBO
Son jeu d'actrices-teurs.
L'une des choses que j'ai préférée dans Big Little Lies, c'était de regarder les personnages écouter quand les autres parlaient. C'est un genre de jeu plutôt ingrat. En général, on a juste droit à un plan très rapide de quelqu'un acquiesçant de la tête.
Dans Big Little Lies, par contre, l'écoute est un aspect tellement important de l'histoire. La façon dont Madeline (Reese Witherspoon) absorbe les explications factuelles de Jane (Shailene Woodley) sur son viol, dont Celeste (Nicole Kidman) perçoit les omissions de Perry (Alexander Skarsgård) quand il raconte les violences qu'il lui a fait subir lors de leur première session de thérapie, la façon aussi dont Jane reçoit l'évaluation positive de Ziggy (Iain Armitage) faite par le psychologue pour enfants, tout cela compte beaucoup. Et dans chacune de ces scènes, Reese Witherspoon, Nicole Kidman et Shailene Woodley atteignent peut-être le sommet de leur carrière d'actrice.
Tout comme à peu près tous les acteurs dans cette série! Adam Scott permet à Ed, le mari de Madeline, d'être blessé, irritable, et assez insipide tout à la fois. Ainsi, on peut comprendre pourquoi elle serait attirée par lui mais sans être exaltée pour autant. Alexander Skarsgård parvient à éviter que Perry ne devienne un méchant sans profondeur, sans jamais se départir de la monstruosité de ses actes. Même Zoë Kravitz a su apporter de la consistance à Bonnie, le personnage le plus éclipsé de la série, surtout quand on pense à son passé bien trop pertinent dans le roman de Liane Moriarty. (Dans le livre, Bonnie a été maltraitée par son père.)
Ce sera amusant, peut-être un peu réducteur, de regarder les Emmys se démener pour déterminer comment nommer toutes les interprétations exceptionnelles de Big Little Lies. Pour la seule catégorie de meilleure actrice dans une mini-série, ça risque d'être la folie. Pour l'instant, cependant, nous pouvons nous contenter de nous délecter d'une série qui a permis à tant d'individus talentueux d'avoir autant de liberté pour insuffler toute cette vie à ces personnages compliqués, captivants et profondément humains.
—Adam B. Vary
HBO
Sa représentation de la menace sourde mais omniprésente des hommes.
Si Big Little Lies vous hante, ce n'est pas juste parce qu'elle démarre après la mort d'un personnage. Cette sensation grandissante est palpable, et elle est due, du moins en partie, au rôle des hommes dans cette série sur les femmes.
Bien que la misogynie ne soit pas le thème explicite de Big Little Lies, la menace que représentent les hommes pour les femmes est présente dans tout le récit, culminant dans chaque scène entre Celeste et Perry. Mais elle est aussi présente lorsque les yeux d'Ed s'attardent sur Abigail (Kathryn Newton), sa belle-fille adolescente, un acte jamais discuté, et quand il regarde Bonnie faire du sport, puis remarque qu'il «adore la sueur sur les femmes». Elle est présente dans la façon dont le mari de Renata (Laura Dern), Gordon (Jeffrey Nordling), menace Jane, et dans la sensation menaçante lorsque Joseph (Santiago Cabrera), l'ex amant de Madeline, lui crie dessus, s'approchant d'elle en colère quand ils sont seuls. Elle est aussi présente quand Madeline est seule dans sa voiture et s'effondre en larmes en apprenant que Jane a été violée. Elle est même présente avec les enfants: la façon dont Amabella (Ivy George), la fille de Renata et Gordon, rentre à la maison avec des traces de morsure, mais a trop peur de dire qui lui fait du mal à ses parents.
Big Little Lies montre ce que tant de femmes apprennent avec l'expérience. Ce n'est pas un problème qui puisse vraiment être réglé en sept épisodes d'une heure d'une série HBO, mais l'épisode final de Big Little Lies recentre l'un de ses grands thèmes de façon réellement émouvante: tout au long de l'épisode, on peut voir les décisions à la fois subtiles et vitales que les femmes peuvent prendre pour les autres quand elles sentent que quelque chose ne tourne pas rond. On le voit dans la façon dont Madeline s'implique pour défendre Jane quand Gordon la menace et dans le langage corporel entre Renata et Celeste lorsque cette dernière fuit Perry et que Renata est témoin de la scène. On le voit dans la façon dont Bonnie suit Celeste des yeux quand elle sent que Perry est une menace.
Et, bien sûr, toute cette tension se manifeste littéralement quand Perry attaque sa femme et que toutes les femmes la défendent. Car, bien que la série comporte des moments amusants avec ses mamans aisées, elle prend vie à travers le langage commun qui s'apprend en résistant aux menaces constantes des hommes. Quand on pensera à Big Little Lies d'ici quelques années, on verra toutes ces femmes réunies sur la plage, en tout cas, c'est comme ça que je m'en souviendrai.
—Alanna Bennett
HBO
Sa psy.
Mes parents, à présent retraités, ont passé une bonne partie de leur vie adulte à travailler en tant que professionnels de santé en psychiatrie (ma mère était assistante sociale en clinique et mon père psychiatre). Certains de leurs patients connaissaient des difficultés semblables à celles auxquelles fait face Celeste dans Big Little Lies. Mais jusqu'à Chat échaudé... l'épisode dans lequel le médecin de Celeste, le Dr Reisman (Robin Weigert), guide prudemment sa patiente pour qu'elle puisse faire face à la réalité des violences qu'elle a subies de la part de son mari Perry. Je n'avais jamais vu aucune série ni aucun film qui montre avec autant de délicatesse ce que vivaient mes parents chaque jour au travail.
Bien trop souvent, on se sert des personnels soignants comme prétexte pour entrer en conflit, en les faisant briser des frontières éthiques sans le moindre remords ou avoir des attitudes déraisonnables qui vont à l'encontre des intérêts de leurs patients. Je comprends —cette façon de les dépeindre est propice aux effets dramatiques. Mais comme toutes les autres facettes de Big Little Lies, lors des sessions de Celeste avec le Dr Reisman, cette série a plutôt choisi de rechercher l'aspect dramatique de notre existence, tout simplement. Encore plus que dans l'ancienne série de HBO In Treatment, diffusée dans les années 2000, cette série met le doigt sur la précision doublée de l'empathie avec lesquelles les psys aident leurs patients peu à peu, parfois laborieusement, à se dégager des traumatismes épineux qui pèsent sur leur vie. Je n'ai jamais rien vu de tel, et après cette scène de l'épisode, j'étais tellement submergée par l'émotion que j'ai dû mettre la série sur pause le temps de me remettre.
—ABV
HBO